top of page

Petite Histoire de l'Enluminure

Les termes enluminer, enluminure, enlumineur apparaissent au 13ème siècle et proviennent du mot latin "illuminare" qui signifie éclairer, illuminer donc mettre en lumière.

​

Lenluminure regroupe tous les éléments décoratifs peints à la main d’un manuscrit : les peintures miniatures insérées dans le corps du texte ou en pleine page, les lettrines (initiale décorée, ornée, historiée…) et les bordures. La naissance et l’évolution de cet art est en lien direct avec  l’évolution du support d’écriture.

 

Le livre a beaucoup évolué avant d’acquérir sa forme définitive au moyen-âge. Les premiers supports d’écriture furent les planchettes de bois enduites de cires, les tablettes d’argile, le papyrus… Mais pour réaliser des textes longs, les tablettes d’argile avaient besoin d’une codification pour en comprendre la succession. Des liens devaient relier les planchettes en bois, et les feuilles de papyrus étaient assemblées en rouleau « volumen » dont la lecture continue et la manipulation n’étaient pas très aisées. Mais un autre support d’écriture est inventé et trouve ses heures de gloire au moyen-âge : c’est le parchemin.

​

Le parchemin est une peau de chèvre, mouton ou veau tannée, grattée, poncée et blanchie à la craie ou à la chaux. Au début, il est aussi présenté en rouleau puis il provoque l’émergence d’une organisation par feuillets pliés et assemblés en cahiers reliés entre eux : le Codex (ancêtre du livre actuel). D’abord marginal, le parchemin se trouve en situation de monopole dès le 5ème siècle.

​

C’est cette conception révolutionnaire de la mise en page du texte qui conduit au développement d’un nouvel art décoratif : l’enluminure.

C'est parce qu’elle est en parchemin que la feuille peut recevoir plusieurs couches de peinture et de feuilles d’or, l’essor de l’enluminure en est donc indissociable.

​

 

enluminure
Le Métier d'Enlumineur

Le Métier d'Enlumineur

A l’origine, la réalisation des manuscrits était effectuée par des moines dans le scriptorium d’un monastère ou d’une abbaye. Les moines copistes calligraphiaient les textes puis le ou les moines enlumineurs réalisaient les décors avec l’or et les pigments de couleur. C’était parfois le même moine qui réalisait l’ensemble. On y copie des textes religieux (bible, sacramentaire, évangéliaire, psautier…) mais également des ouvrages classiques, tel que Horace et Cicéron. La plupart du temps, c’est à un usage interne que servait la production de manuscrits dans les scriptoria mais les moines réalisaient aussi des ouvrages plus ou moins luxueux pour des commanditaires fortunés extérieurs  au monastère.

 

A partir du 13ème siècle avec la création des universités, des ateliers laïcs se multiplient au sein des villes, voir dans l’enceinte même de l’université, et remplacent  progressivement les scriptoria monastiques favorisant la reconnaissance des métiers et bientôt leur organisation professionnelle et juridique en corporation. L’organisation rigoureuse de ces ateliers permit de répondre à la demande croissante de manuscrits et d’assurer un contrôle sur la qualité des textes. Pour assurer cette production très active ces ateliers urbains ont dû procéder à une division du travail, à côté des scribes qui travaillent simultanément sur un même texte réduisant ainsi considérablement la durée d’exécution d’un manuscrit, on retrouve le rubricateur (chargé des titres en rouge), les peintres de lettrines et l’enlumineur.

 

Les manuscrits produits ne sont plus exclusivement religieux ou des textes antiques et rédigés en latin, les livres de science (astronomie, grammaire, théologie, médecine, herbiers…), les bestiaires, les histoires et chroniques, les romans ( le roi Arthur, le roman de renard, le roman de la rose…) ainsi que la littérature profane en langue vernaculaire  se développent.

 

Certains de ces ateliers étaient dirigés par des maîtres restés célèbres comme Maître Honoré, Jean Pucelle, Jean Colombe, le Maître de Boucicault, les frères Limbourg …et ont permis la réalisation de manuscrits d’une extrême richesse.

 

L’apparition de l’imprimerie en Europe vers 1460, va mettre un terme progressivement à l’enluminure. A la fin du moyen-âge, les premiers livres imprimés sont encore décorés à la main. Puis, face à la nécessité d’augmenter la production, l’illustration des livres devient gravure et l’enluminure détachée du support du texte, perd sa raison d’être.

​

 

L’art de l’enluminure va évoluer au cours des 1000 ans de son histoire, le dessin et les techniques vont devenir de plus en plus complexes  et chaque période aura sa spécificité.

Durant le haut moyen-âge du 5ème au 9ème siècle, on distingue deux types d’enluminures :

·         L’enluminure Insulaire, développée en Irlande puis exportée et facilement reconnaissable à ses dessins géométriques, spirales, entrelacs et ses pleines pages tapis.

·         L’enluminure Mérovingienne, qui se caractérise par des lettrines zoomorphes (en forme d’animaux), très souvent poissons et oiseaux aux couleurs vives.

​

Du 9ème au 10ème siècle :

L’enluminure Carolingienne, durant laquelle nous voyons apparaitre l’utilisation à profusion des métaux précieux  (or, argent…) et des parchemins pourprés.

​

Du 11ème au 12ème siècle

L’enluminure Romane, période de l’âge d’or de la lettrine ornée, habitée, historiée et végétalisée.

​

Du 13ème au 15ème siècle

L’enluminure Gothique, la grande époque de l’enluminure ou les manuscrits enluminés deviennent de véritables objets de luxe. Ce style évolue au cours de ces 300 ans d’existence et chaque siècle est facilement reconnaissable pour s’achever vers un naturalisme, une profondeur, un relief comparable à un tableau. On nommera d’ailleurs ces miniatures : Petites peintures.

​

D’après certains témoignages de l’époque, les métiers de copiste et d’enlumineur étaient des métiers forts exigeants ou le temps n’était pas un critère de performance. L’enlumineur du 21ème siècle a accès à de nouvelles techniques facilitant son travail. Pour autant, la réalisation d’une enluminure dans le respect historique nécessite toujours de nombreuses étapes longues et minutieuses qui requièrent chacune un savoir-faire traditionnel et des gestes techniques appropriés et contrairement au moyen-âge ou chaque étape étaient réalisées par plusieurs mains, l’enlumineur d’aujourd’hui est seul face à son ouvrage.

Les Techniques

Les Techniques

A l’Atelier, je privilégie le travail sur parchemin de veau, d’agneau ou de chèvre sur lequel je réalise avant tout travaux, un ponçage avec une ponce soie composée de pierre ponce, d’os de seiche et de gomme sandaraque, et ce afin de bien éliminer tous les résidus de peau, de graisse et permettre une meilleure adhésion de l’encre lors de la calligraphie.

Mais je peux également vous proposer des enluminures sur parchemin végétal ou papier de très belle qualité type Fabriano selon votre convenance.

​

La Calligraphie

J’utilise le plus souvent les plumes métalliques (Brause) pour les travaux de calligraphie les plus long, mais j’ai également plaisir à calligraphier avec les plumes d’oiseaux.

​

Les Ors

La pose des ors est une des opérations les plus délicates dans l’art de l’enluminure et parfois fort longue quand le décor est en relief. Pour pouvoir coller de la feuille d’or, il faut au préalable poser un mordant sur le support que l’on réchauffe ensuite à l’haleine. Celui-ci peut être de différente nature. Je privilégie la gomme ammoniaque (résine d’arbre) pour la pose des ors en aplat et le gesso (fabrication maison à base de blanc de Meudon et de colle de poisson entre autres) pour les décors en relief.

​

Les Couleurs

Je prépare mes couleurs à partir de pigments d’origine naturelle (végétale, minérale, animale) mais aussi à partir de pigment d’origine chimique (minium, outremer …), ainsi qu'une détrempe médiévale composée de blanc d’œuf, miel et gomme arabique, dans le respect des techniques anciennes et des couleurs historiques.

​

bottom of page